Communiqué de presse – 29 juin 2022

Constitutionnalisation du droit à l'avortement :

engagement ou démagogie ?

Le gouvernement s’engage-t-il réellement pour l’égalité entre les femmes et les hommes ? Les organisations et associations féministes ont intitulé leur rapport, rédigé à la fin du précédent quinquennat, “Grande cause, petit bilan”.

Notre verdict est sans appel : le bilan est largement insuffisant.

Les actions menées, même si certaines sont à saluer, n’ont globalement pas été à la hauteur des enjeux – et encore moins en regard d’une présidence qui se voulait « féministe ».

Alors nous nous interrogeons : l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution ne serait-elle pas une mesure essentiellement démagogique qui permettrait au gouvernement de redorer son image à peu de frais ? Ce droit fondamental doit être réaffirmé, garanti, étendu, même en France, c’est une certitude ! Mais des décisions plus ambitieuses, plus effectives, bien que plus coûteuses ne sont-elles pas nécessaires et urgentes ? Parmi la multiplicité des défis à relever, nous souhaitons attirer ici l’attention sur le développement de la contraception dite masculine, pour que les hommes prennent la responsabilité de maîtriser leur fertilité plutôt que de déléguer cette charge à leurs partenaires. La personne qui porte une grossesse doit pouvoir choisir librement de la poursuivre ou de l’interrompre. Il est néanmoins tout aussi essentiel que son partenaire dispose en amont de moyens suffisants pour choisir avec lucidité de participer à la fécondation ou de prendre les précautions nécessaires pour l’éviter. Les garçons ont besoin d’une éducation leur permettant de prendre eux aussi conscience de leur fertilité, de leur responsabilité vis-à-vis de leurs partenaires et de leur progéniture. Ils ont besoin d’un éventail suffisamment large de méthodes contraceptives leur permettant d’explorer eux aussi leur sexualité sans risquer de provoquer une grossesse non désirée.

En conséquence, ce qui suit doit être su et intégré dans les choix et les pratiques des personnes susceptibles d’avoir des rapports potentiellement fécondants, des professionnel*s de santé qui les accompagnent, et des législateurices. Les méthodes contraceptives proposées aux femmes ne sont pas infaillibles, et peuvent présenter des effets indésirables et des risques qui ne doivent pas être négligés. La méthode du retrait manque de fiabilité. Le préservatif est efficace immédiatement à condition d’être utilisé correctement et permet aussi de lutter contre les infections sexuellement transmissibles. Il est possible de s’épanouir sexuellement sans pratiquer la pénétration pénovaginale, avec un* ou plusieurs partenaires, régulier*s ou pas, quels que soient leur sexe ou leur genre. Chaque personne est totalement libre d’explorer sa sexualité, de souhaiter ou de refuser toute pratique, à la seule condition du libre consentement de ses partenaires de l’instant. Elle doit pouvoir le faire sans risquer de procréer si tel est son souhait. Elle doit pouvoir accéder facilement à une information complète et neutre. Il lui appartient d’évaluer pour elle même le rapport bénéfices / risques lié à une pratique sexuelle ou à une méthode contraceptive et ses choix doivent être respectés. La méthode thermique qui inhibe la spermatogenèse, bien qu’expérimentale, est d’ores et déjà pratiquée et présente des résultats très encourageants. Son utilisation par les personnes qui le souhaitent est légitime. Les recherches doivent être poursuivies pour vérifier son efficacité et son innocuité. Plusieurs méthodes hormonales masculines pourraient déjà être disponibles si les investissements nécessaires avaient été réalisés. La vasectomie est une méthode sûre. Elle est pourtant rarement proposée et trop souvent difficilement accessible aux personnes qui souhaitent y recourir. Elle doit pourtant pouvoir être envisagée dès lors qu’un homme ne souhaite pas ou plus procréer, même s’il est jeune et sans enfant. Enfin, une société ne peut être égalitaire et respectueuse de la liberté de chaque individu que si elle y consacre suffisamment de moyens.

Les avancées sur ces différents aspects participent à notre évaluation de la réalité de l’engagement du gouvernement. Il s’est montré jusqu’à présent indifférent à nos sollicitations et très éloigné des évolutions sociétales pourtant très perceptibles. Nous rappelons que le développement de la contraception dite masculine est un outil mais aussi un prétexte pour prendre conscience de l’ensemble des comportements sexistes et dominateurs. Nous voulons y mettre un terme, bien au-delà de la sphère intime.

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